Et si vous pouviez, en plein mois de novembre, prendre votre dose de soleil et de dépaysement, sans prendre l’avion ? C’est ce que nous avons fait cet automne en rejoignant l’Andalousie en train depuis Le Mans. Je vous raconte ce périple de 12 jours, entre Grenade, la Sierra Nevada et Cordoue.
15 h de trajet en train
Depuis Le Mans, il faut compter une quinzaine d’heures de train pour rejoindre la ville de Grenade. Ça peut sembler long, mais nous adorons le confort du train ! Outre le fait de voir les paysages défiler, on peut lire, discuter, manger, travailler… Le tout sans cramer notre empreinte carbone.
En partant de la gare du Mans à 12h38, avec un changement à Paris, nous arrivons vers 21h30 à Barcelone. Nous sommes en novembre, mais il fait bon. Des joueurs de foot, des danseurs dans la rue… Nous sommes déjà dépaysés ! Nous passons la nuit dans une auberge de jeunesse « silencieuse » : il est interdit de parler dans le dortoir. L’idée est bonne ! Seulement, entre les matelas peu confortables, les allers et venues de chacun et les ronflements… Nous ne fermerons pas l’œil de la nuit.
5h40, nous voilà debout pour rejoindre la gare et prendre le train direction Grenade. La gare ressemble à s’y méprendre à un aéroport, entre les panneaux d’affichage géants et le contrôle des bagages. C’est parti pour six heures de train ! Après la brume et le brouillard, nous découvrons des montagnes et des oliveraies à perte de vue. À notre arrivée, le temps est magnifique. On l’a fait !
Andalousie en train : pratique
Pour prendre les billets de train, je m’y suis pris environ trois mois à l’avance. J’ai d’abord regardé sur Trainline les différentes options. Nous aurions par exemple pu prendre le train de nuit en direction de Latour de Carol. Mais il aurait fallu ajouter deux heures de TER jusqu’à Barcelone, et j’ai préféré privilégier un trajet avec moins de correspondances.
Les trajets en train nous ont couté 259 € par personne. Je trouve ça plutôt raisonnable pour parcourir plus de 3 000 km !
Grenade, la ville aux mille collines
Grenade est, sans conteste, une ville resplendissante. Le centre historique est immense, cerné de plusieurs collines qui abritent de multiples points de vue sur l‘Alhambra et la montagne enneigée au loin : la Sierra Nevada.
Coups de cœur à Grenade
- Manger des empanadas au soleil de la place Santa Ana et arpenter le carrera Del Darro, un chemin proche de la rivière qui débouche sur une place au pied de l’Alhambra. Magique !
- Arpenter le quartier Sacromonte, découvrir ses rues blanches, ses maisons troglodytiques, sa muraille. Grimper jusqu’à l’Ermita de San Miguel Alto, d’où la vue est imprenable.
- Découvrir le souk, calle Alcaiceria, et boire un thé ou manger à la Kasbah, restaurant oriental au décor typique (succulent et pas cher !).
- Flâner dans le quartier Albaycin. Découvrir le mirador San Nicolas et ses musiciens, Carmen de Los Geranios et son patio rempli de fleurs et de chats. Visiter le Palais de Dar Al-Horra, les bains arabes et la maison maure (inclus dans le billet global Alhambra).
- Visiter le jardin des martyrs, près de l’Alhambra. Paons, bassins, végétation luxuriante… C’est beau ! Redescendre en ville par le quartier de Realejo et ses longs escaliers.
- Voir l’Alhambra et ses nombreux trésors : le jardin Généralife, l’Alcazabar (fort militaire), le musée de l’Alhambra, l’incroyable Palais des Nasrides. Petit coup de cœur pour le jardin et le palais du Partal ! L’Alhambra nécessite une bonne journée de visite, pour découvrir ses mosaïques, sculptures, bassins et jardins.
- Se perdre dans les rues et places du centre-ville, autour de la cathédrale.
Le hic
À Grenade, on a tout aimé. Le hic, il tient à ma confiance aveugle en Google Maps… Nous avions rendez-vous à la gare pour récupérer une voiture de location. Innocemment, je tape « Gare Grenade » dans le GPS. Il nous fait passer par un chemin qu’on ne connaît pas, mais ça paraît cohérent, il y a 25 minutes de marche comme à l’aller. Sauf qu’au bout, de gare, il n’y a point ! On s’en sort finalement en prenant un bus, avec une quinzaine de minutes de retard chez notre loueur. Heureusement qu’on ne prenait pas le train !
Pratique
Pour l’Alhambra, réservez bien en avance sur le site officiel ! Un mois avant, les places étaient déjà toutes prises pour la visite simple. Nous avons donc opté pour un billet plus large, mais qui nous garantissait une entrée au Palis Nasrides. Ouf !
Nous avons loué une chambre au Venecia Gomerez, assez bon marché pour trois personnes et très centrale. On recommande !
Si vous avez des moments d’attente avec vos bagages, il y a des lockers un peu partout. Nous, on a choisi « Mylocker », près de la cathédrale. Pas donné, mais ils semblent tous être au même prix !
Outre Luisitas (pour les empanadas) et la Kasbah (humus, falafel, brochettes, un régal !), on a bien aimé Minuit Pan y café pour le petit déj’ !
Escapade au désert de Tabernas
Pour découvrir la montagne environnante, nous avons choisi de louer une voiture pour 48 h. Direction Alquife, un petit village de la Sierra Nevada, à mi-chemin entre Grenade et le désert de Tabernas. Après avoir récupéré notre voiture à la gare, nous avons roulé seulement quelques minutes avant de sortir de la ville Ici, pas de zone artisanale ou industrielle. Seulement l’autoroute et les montagnes à perte de vue !
Coups de cœur
- Poser ses valises à Alquife, petit village de la Sierra Nevada. Le village n’a rien d’extraordinaire, mais on a adoré son petit restaurant sans prétention, loin de l’agitation touristique de Grenade. Ici, on vous sert des tapas avec un grand sourire et pour un prix dérisoire !
- Visiter le désert de Tabernas. Depuis le parc Mini-Hollywood, plusieurs randonnées permettent de marcher dans cet incroyable décor de western. Montagne de sable, palmiers, rivière asséchée… Un incontournable ! En poussant plus loin, vous trouverez le village de Tabernas. Rien d’exceptionnel, si ce n’est ses maisons aux toits plats qui vous transportent au Maghreb et la vue depuis son chateau.
- Contempler le mirador Del fin del mundo. Un canyon assez surréaliste, accessible depuis le village de Paulenca. Tout près de là, la ville de Guadix est aussi bourrée de charme !
Le hic
Pour se rendre au canyon, nous avions repéré une randonnée de 5 km sur Komoot. Encore une fois, nous avons fait confiance au GPS, qui nous a dirigé vers des chemins impraticables avec la voiture de location… Tant pis, on se gare et on rallonge le temps de marche. Sauf qu’à un moment donné, on tombe sur un panneau « propriété privée ». Tant pis, on y va ! On ne s’attendait pas à tomber sur un groupe d’agriculteurs et leurs chiens… Qui nous ont bien fait comprendre qu’il fallait faire demi-tour !!!
Pratique
Pour visiter la région, nous avons choisi l’auberge Lacho, dans le village d’Alquife. Une auberge dans son jus, avec une grande cuisine partagée. Elle est surtout fréquentée par des pèlerins qui marchent sur le chemin de Compostelle ! Manuel ne parle pas un mot d’anglais ou de français, mais il est chaleureux. Bref, un lieu rustique, pas cher. Il y fait juste un peu froid en novembre !
Cordoue, pour finir l’Andalousie en train
Pour terminer ce périple, nous posons nos valises à Cordoue, à 1h45 de train de Grenade. La ville est tout aussi charmante ! Ruelles pavées de galets, orangers et citronniers, fleurs sur les murs et dans les patios… On s’y sent bien dès notre arrivée.
Coups de cœur
- Vadrouiller dans le quartier historique de la Juderia : c’est immense, vivant, et vraiment agréable !
- Traverser le pont romain à la nuit tombée, avec ses lumières semblables à des bougies.
- Visiter la Mezquita, ou la « mosquée cathédrale », passée de l’islam au catholicisme et inversement. La succession d’arches est impressionnante, tout comme les portes et gravures !
- Découvrir les innombrables patios fleuris de la ville, et notamment ceux du Palais de la Viana.
- Voir l’Alcazar, un lieu chargé d’histoire aux multiples jardins.
Le hic
Le seul hic à noter ici, c’est une journée de pluie, suivie d’une journée grise. Pas grave ! On aura tout de même eu deux belles journées de soleil.
Pratique
À Cordoue, nous avons loué un petit appartement tout proche du pont romain. Bien situé, pas trop cher : on vous recommande !
Côté restaurants, nous vous conseillons le Teteria Petra et Damasco, deux restaurants orientaux dans le quartier historique. Pour les tapas, Horma était très sympa aussi !
Andalousie en train : pour conclure
J’ai adoré découvrir l’Espagne en plein mois de novembre, alors que chez nous le soleil n’est plus vraiment au rendez-vous. Certes, nous n’avons vu ni Séville, ni Ronda, ni Jerez, mais nous reviendrons certainement ! Depuis notre tour d’Asie, nous aimons voyager lentement, profiter de moment de pauses, à regarder les oiseaux ou les passants. L’aller-retour en train est long, mais c’est aussi un moment privilégié pour faire vagabonder son esprit… D’ailleurs, c’est depuis le train du retour que j’ai rédigé ce texte !
Et vous, ça vous tente de partir en Andalousie en train ?